"Comme si je parlais d'autre chose ou mieux, de quelqu'un d'autre, pour ne pas me crisper": la substitution contre le stockage.

Le principe de substitution est aussi lisible dans une remarque telle que: "Je ne peux pas continuer mon travail sans ce papier et je dois le dire. Qu'on me comprenne, qu'on se mette à ma place.Je me demande si quelqu'un voudrait.Quelqu'un"(p.52). Robert Pinget écrit aussi:"Rien n'est jamais dit puisqu'on peut le dire autrement." Pouvoir substituer, c'est pouvoir continuer à dire. L'autre chose, celle dont on sait qu'elle est substituable à la première, elle est le possible, l'hypothèse, l'éventualité. On remplace l'objet du dire -"comme si je parlais d'autre chose ou mieux, de quelqu'un d'autre"; on remplace la manière du dire, sa tournure en quelque sorte -"on peut le dire autrement"; mais là où l'affaire se corse, c'est lorsqu'il n'est plus qu'une solution: remplacer le sujet du dire -"Je me demande si quelqu'un voudrait. Quelqu'un." Car en matière de sujet, on oscille toujours entre l'indéfinition, l'indétermination, le "on" du on-dit, et le singulier, l'unique, voire le monstrueux du "je". D'où la fascination générée par le titre: Quelqu'un. Qui ça donc? Tout le monde, mais aussi lui seulement, moi seulement, chacun seulement, chacun perdu dans son unicité.